En ce temps là, c’était la guerre

 

Lorsque j’étais une enfant, une toute petite enfant, un jour, j’ai décidé d’être poète. D’écrire des livres, des romans, du théâtre et de la poésie.

Cet amour des mots qui me tenaille depuis si longtemps, je ne le dois qu’à une personne, mon grand-père que j’aimais tant.

Le dimanche ou pendant les vacances, seuls tous les deux dans une petite cuisine, il me prenait sur ses genoux pour me lire ou me dire de la poésie et les vers qu’ils m’offraient si simplement résonnent au fond de mon cœur, sous la forme de poèmes que j’ai appris par cœur, et que j’entends encore, que je dis encore de temps en temps.

Cette poésie-là, d’une honnêteté surprenante, est revenue à ma mémoire, révélée et cachée dans ma tête pendant plus de 30 ans.

Il a fallu que je devienne un auteur pour savoir toutes ces choses-là.

Je suis tombée amoureuse, d’un amour vrai, d’un poète qui a inventé un langage au même titre que Molière, et que j’ai porté en moi, qui m’a porté avec lui avec ses recueils de Poésie, dont certains enfermés dans des livres qui ne portent pas son nom. Parce que c’était la guerre, une guerre jolie, parce qu’à cette époque on ne pouvait faire autrement.

J’ai étudié le cinéma, avec une belle ardeur et un scénariste, un scénariste de grand talent est apparu à moi. Un beau talent à vrai dire. Un beau talent de scénariste.

Un jour, ou une nuit, ce scénariste a voulu écrire de la poésie. N’est pas poète qui veut et c’était difficile. Difficile de parler des enfants quand on n’a pas d’enfants soi-même. Difficile de passer de ces films d’une rare beauté destinés aux adultes à cette poésie si belle destinée aux enfants.

C’était la guerre, et tout le monde la faisait cette guerre, chacun à sa façon. On se volait, on s’échangeait des choses, on se confiait et on luttait ensemble, enfin tout ça. Moi je n’y étais pas. C’est pour ça que je ne peux pas le comprendre totalement, savoir ce qu’il s’est passé à ce moment-là.

Je voudrais simplement rendre un hommage à mon grand-père, à mon grand-père que j’aimais tant, qui m’a appris tout ce que je sais aujourd’hui de la poésie. A ce grand-père qui me confiait ses poèmes, certains déjà écrits et d’autres en balbutiement. Certaines poésies , je les connaissais par cœur, bien avant que certains recueils soient publiés et que les enfants les récitent à l’école. Je les ai  tenus entre mes mains, comme un cadeau, ces recueils, pour les apprendre, une nouvelle fois.

Je souhaiterais une chose, une chose difficile, comme celle d’écrire de la poésie lorsqu’on n’est pas poète, c’est que le lycée que j’ai fréquenté jadis, et qui se nommait tendrement Jacques Prévert porte désormais le nom de Paul Roland.

A cette époque c’était la guerre. Tout était différent. Mais maintenant, comment faire ? Comment faire à présent ?

 

Muriel Roland Darcourt

 

Les Oiseaux

Tag(s) : #Lettres

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